Le bois a le vent en poupe

La Liberté

Charles Grandjean

Publié le 30 octobre 2022
Temps de lecture estimé : 5 minutes

Le bois a le vent en poupe

construction Plusieurs stands du Comptoir gruérien, qui se déroule à Bulle en ce moment, témoignent de la vitalité des constructeurs bois. Les clients demandent toujours plus ce matériau, autant pour des bâtiments neufs que pour la rénovation, constatent les professionnels du secteur. L’argument de l’écologie semble souvent avancé.

    Les constructeurs bois ont la cote

    Plusieurs stands du Comptoir gruérien témoignent de la vitalité d’un secteur qui ne connaît pas la crise

      Réunis sur le stand de Lignum, les professionnels de la filière du bois avaient à cœur de transmettre leur savoir-faire. ©Alain Wicht

      CHARLES GRANDJEAN

      Espace Gruyère » Concentrés, des apprentis menuisiers et charpentiers manient scies et autres outils pour confectionner des banquettes aux placets mariant éléments en frêne, cerisier, chêne et hêtre. On ne chôme pas sur le stand de Lignum, la faîtière de la filière du bois et hôte d’honneur du Comptoir gruérien. Il faut dire que le bois a le vent en poupe, surtout dans la construction où il apporte tantôt une touche chaleureuse associée à d’autres matériaux, tantôt des propriétés avantageuses.

      «La demande est toujours croissante. Les clients poussent vers l’utilisation du bois, que ce soit pour du neuf, de la rénovation, aussi par souci d’écologie», observe Nicolas Pasche. Rencontré sur le stand de Lignum, dont il siège au comité, le charpentier est à la tête de l’entreprise Pasche et Dubath SA. Employant une dizaine d’employés à Epagny, la société est active dans la construction d’escaliers, la charpente et rénovation.

       

      Combiner les matériaux

      Des escaliers, l’entreprise Metal Bois Innov Sàrl à Vuadens s’en est aussi fait la spécialiste. «A une certaine époque, on avait tendance à mettre l’escalier au fond de la maison. Mais on observe qu’il devient une pièce maîtresse de la maison. Les gens portent une plus grande attention à son esthétique. Certains sont friands d’escaliers suspendus», remarque Joël Moret, associé avec son frère Grégory. Sur leur stand, ils présentent d’ailleurs un spécimen d’escalier où marches en bois s’imbriquent à un limon métallique.

      «On avait tendance à mettre l’escalier au fond de la maison. Mais on observe qu’il devient une pièce maîtresse de la maison.»
      Joël Moret

      Ici, c’est le métal qui converge vers le bois. Constructeur métallique comme son frère, Joël Moret s’était associé à un menuisier pour fonder la société en 2013: «J’avais senti le potentiel à faire quelque chose en réunissant ces deux matériaux. Dix ans plus tard, on se rend compte qu’on ne s’est pas trompés de voie. Les escaliers métal-bois se sont beaucoup développés depuis les années 2005-2010.»

        Avec d’autres entreprises

        Le charpentier Nicolas Pasche abonde: «La tendance est de travailler avec d’autres corps de métier pour le verre qui est beaucoup demandé, le béton, la serrurerie. Surtout pour les assemblages, les fermants.» Un tel exemple se trouve mis en exergue au stand des sociétés de construction bois Lanthmann et Dougoud, deux entités du groupe Grisoni. L’entrée de leur stand se compose en effet d’éléments de charpente joints entre eux par un système de ferrure métallique avec broches.

        Car au niveau du gros œuvre, l’association de matériaux ne peut pas tenir compte que de critères esthétiques. «Il faut que le projet soit réfléchi à la base, soit pour du bois, soit pour du béton, en raison de spécificités statiques qui ne sont pas les mêmes», prévient le directeur Alexandre Lanthmann. «On construit actuellement un bâtiment de sept étages à Genève. Le noyau central est en béton et la périphérie en bois», illustre-t-il.

        Si les cages d’escalier et d’ascenseur sont en béton, c’est notamment pour des raisons de stabilisation et de comportement sismique. En revanche, à coefficient thermique égal, les murs en bois permettent de diminuer l’épaisseur, remarque Alexandre Lanthmann. Il perçoit une très forte demande du bois dans la construction de bâtiments publics. Mais pas seulement. «Environ 10% de notre chiffre d’affaires se réalise sur des travaux de surélévation ou d’agrandissement, et la tendance est à la hausse», constate-t-il, invoquant la raréfaction du terrain à bâtir. «Pour la surélévation, le bois offre l’avantage d’un poids plus léger.»

          Des défis techniques

          Mais modifier, rénover ou rehausser de l’existant apporte aussi son lot de défis techniques. Un exemple est donné sur le stand de l’entreprise Mivelaz Techniques Bois SA: une imposante poutre voilée qui s’érige telle une sculpture. Façonnée par commande numérique, cette pièce est taillée sur mesure pour s’imbriquer dans le toit cintré d’un vieux bâtiment.

          Ce genre de travaux est complexe à appréhender. «Souvent, les architectes sous-estiment les devis dans la rénovation», remarque le patron David Mivelaz qui a engagé il y a trois ans un architecte dans son entreprise. L’entrepreneur a aussi investi, il y a deux ans, dans un scanner qui lui permet d’effectuer des relevés 3D de vieilles bâtisses à rénover. Un outil précieux pour concevoir un projet de A à Z et qui ouvre de belles perspectives à l’entreprise.